Du capital constructif
Seule la version prononcée fait foi.
Nous vivons à une époque intéressante. Une époque de transformation. Une époque, également, de turbulences.
Une époque de grand potentiel et de grands défis. Pour le monde. Et pour des investisseurs comme la Caisse.
Aujourd’hui, les marchés sont au sommet. Mais la productivité est faible. Et les infrastructures insuffisantes pour répondre aux besoins.
Les technologies de rupture révolutionnent notre façon de vivre et de travailler.
Trouver un emploi n’est pas un problème. Trouver un emploi qui permet de bien gagner sa vie, moins évident.
Les inégalités augmentent – certains profitent plus que d’autres du progrès économique. Des gouvernements populistes remettent le protectionnisme à l’ordre du jour.
Voilà donc la dure vérité : les problèmes d’aujourd’hui sont les problèmes de tout le monde. Nous devons tous contribuer à leur résolution. Les entreprises, les universités, les OBNL, les citoyens et oui, les investisseurs aussi.
Et le conflit déterminant de notre époque – les États-Unis et la Chine.
Un différend commercial qui est, en fait, beaucoup plus fondamental. Un duel pour la suprématie technologique. Pour le leadership géopolitique mondial. Une concurrence qui a le potentiel de fracturer notre planète selon deux normes technologiques. Deux internet. Le mondialisme qui redevient régionalisme.
Cette rivalité aura d’énormes conséquences sur les chaînes d’approvisionnement et les échanges commerciaux. D’énormes conséquences sur notre vie quotidienne. Sur le fonctionnement de nos téléphones cellulaires. Et l’accès – ou non – aux médias sociaux.
Et bien sûr, le plus grand défi de notre temps : notre climat qui change. L’augmentation du niveau des mers qui menace les villes côtières. Des typhons au Japon. Des inondations à Venise. Des feux en Californie et en Australie.
Oui, chaque époque doit faire face à ses propres défis. Mais cette fois-ci, il y a une différence cruciale.
Par le passé, les gouvernements représentaient la réponse collective à ces défis.
Aujourd’hui, seuls ou même ensemble, les gouvernements sont de moins en moins capables d’agir efficacement sur plusieurs questions urgentes.
Le monde bouge trop vite. Plusieurs gouvernements n’arrivent pas à répondre aux besoins assez rapidement. Certains gouvernements populistes n’essaient même pas de le faire.
Voilà donc la dure vérité : les problèmes d’aujourd’hui sont les problèmes de tout le monde. Nous devons tous contribuer à leur résolution. Les entreprises, les universités, les OBNL, les citoyens et oui, les investisseurs aussi.
Pas par noblesse. Mais parce que c’est dans notre intérêt. Notre intérêt à tous.
Comment commencer à relever ces défis devant nous? La croissance économique.
Mais pas n’importe quelle croissance.
Le monde a besoin d’une croissance pérenne – ancrée dans la productivité de l’économie réelle.
D’une croissance durable – qui ne va pas étouffer notre planète.
Et d’une croissance inclusive – pour que davantage de gens puissent partager les bénéfices du progrès économique.
Ceux qui prennent des décisions financières ont un rôle essentiel à jouer. Le monde a besoin d’investisseurs qui pensent au-delà de la prochaine journée, du prochain mois. Du prochain trimestre.
Pourquoi? Parce que les investisseurs commencent à comprendre quelque chose. Que les rendements des années et décennies à venir seront solides seulement si les économies où nous investissons sont solides. Qu’ils seront sains si notre planète est en santé.
Les caisses de retraite. Compagnies d’assurance. Fonds souverains. Ils possèdent des capitaux en croissance, qui visent le long terme.
Ensemble, les investisseurs institutionnels dans le monde ont plus de 80 mille milliards d’actifs sous gestion.
Ils peuvent changer la donne.
Mais nous devons faire plus qu’investir. Faire mieux. Nous devons investir avec conviction. Nous devons investir de façon constructive.
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Au cours de la dernière décennie, nous avons réinventé la Caisse.
Toujours, en respectant notre engagement fondamental de servir les intérêts des Québécoises et des Québécois, nous avons rebâti une organisation. Réimaginé comment et où nous investissons.
Tout ce que nous avons fait, chacun des changements a été guidé par un impératif : investir notre capital de façon constructive.
Ce principe détermine les partenaires que nous choisissons. Les industries que nous ciblons. Les entreprises dans lesquelles nous investissons. Les risques que nous prenons.
Aujourd’hui, nous pensons différemment. Nous prenons nos décisions différemment.
Pas pour se distinguer parmi les caisses de retraite. Non.
Nous agissons comme un investisseur constructif parce que c’est le meilleur chemin, le plus sécuritaire, pour générer des rendements stables et à long terme.
C’est une façon de s’assurer d’une fiabilité dans un monde incertain.
C’est une façon d’atteindre la résilience dans un monde turbulent.
Et c’est une façon de relever les défis auxquels nous faisons tous face.
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Pour investir de façon constructive, nous avons dû faire trois changements essentiels.
D’abord? Mettre notre capital au travail partout dans le monde. Nous mondialiser.
Tout ce que nous avons fait, chacun des changements a été guidé par un impératif : investir notre capital de façon constructive.
Il y a dix ans, la Caisse avait 62 milliards de dollars investis à l’extérieur du Canada. Aujourd’hui, c’est près de 220 milliards de dollars – deux tiers de notre actif.
Nous avons bâti l’expertise pour comprendre en profondeur les marchés internationaux.
Nous avons fait le nécessaire pour pouvoir travailler avec des partenaires locaux de confiance, experts dans leurs domaines, dans des secteurs prometteurs.
Le résultat? Nous avons eu accès à plus d’occasions d’investissement de qualité.
Et pas n’importe quels investissements.
Des investissements constructifs dans l’économie réelle. Dans ce qui contribue à développer des pays – et à améliorer la vie des gens.
Par exemple. L’entreprise allemande Techem – qui aide les entreprises et les propriétaires résidentiels à réduire leur consommation d’énergie et d’eau.
La fintech FNZ – qui facilite l’atteinte des objectifs financiers des gens.
Et Suez Water Technologies & Solutions – qui est devenu un champion mondial du traitement des eaux.
Nous investissons aussi en infrastructures. Dans de vraies choses qui ont de vrais impacts sur la vie des gens – et sur l’avenir des pays. Dans un métro à Sydney. Des tours de télécommunications sans fil aux États-Unis. Des ports – du Canada au Chili, à l’Australie.
Chaque grand projet d’infrastructure : un autre exemple de capital constructif au travail.
Deuxièmement, pour investir de façon constructive, il était nécessaire de s’attaquer aux changements climatiques.
Plusieurs investisseurs continuent de voir les changements climatiques comme une contrainte, comme un frein aux rendements. Mais nous ne sommes pas d’accord.
La Caisse est l’un des plus grands investisseurs nord-américains en énergie éolienne. Nous investissons dans le solaire en Inde. Et nous réalisons des rendements dans les deux chiffres.
À Toronto, Chicago, Houston et Paris, nous bâtissons une nouvelle génération d’édifices écologiques – avec des rendements substantiels.
Notre engagement envers le climat n’est pas passager. Il fait maintenant partie de notre ADN.
Pendant des décennies, nous avons cherché à trouver le bon équilibre rendement-risque pour notre portefeuille. Aujourd’hui, nous cherchons le bon équilibre rendement-risque-carbone.
C’est pour ça que nous avons activement réduit le nombre d’actifs à haute intensité carbone dans notre portefeuille.
Nous réduisons nos investissements dans le pétrole. Et nous allons diminuer l’intensité carbone de notre portefeuille de 25 % d’ici 2025.
En même temps, nous avons augmenté nos actifs sobres en carbone de plus de 50 % – donc de plus de 10 milliards de dollars. Et nous allons continuer de les augmenter d’un autre 30 % d’ici la fin de l’année prochaine. Notre portefeuille sobre en carbone va donc surpasser les 35 milliards de dollars à la fin de 2020.
Nous avons aussi exercé un rôle de leadership à l’échelle mondiale, en travaillant avec d’autres investisseurs pour faire une différence pour le climat.
Il y a dix ans, la Caisse avait 62 milliards de dollars investis à l’extérieur du Canada. Aujourd’hui, c’est près de 220 milliards de dollars – deux tiers de notre actif.
Dans cette perspective, nous avons créé un réseau de quatorze fonds internationaux avec plus de six mille milliards sous gestion, qui travaillent à accélérer la divulgation des risques climatiques et des opportunités à travers le monde.
Et nous sommes membre fondateur de l’Alliance Net-Zéro des Nations Unies – fondée sur l’engagement d’avoir des portefeuilles neutres en carbone d’ici 2050.
Encore une fois : nous aurons des rendements solides seulement si notre société est solide. Et des rendements sains si notre planète est en santé.
Troisièmement et finalement : pour investir de façon constructive, nous avons dû fondamentalement changer notre façon d’investir au Québec.
L’économie du Québec des dernières générations est en train de se transformer.
Chaque jour, l’économie réelle est de moins en moins traditionnelle, familière.
Chaque jour, elle se rapproche d’une nouvelle réalité dynamique – avec pour moteurs la technologie et la volonté de gagner sur la scène mondiale.
Aujourd’hui, plus de 240 000 Québécoises et Québécois travaillent dans la nouvelle économie. Les sociétés qui étaient dans le peloton de tête de l’économie traditionnelle sont en train de faire place à une nouvelle génération d’entreprises – et une nouvelle génération de leaders du monde des affaires.
La Caisse est complètement et profondément engagée dans cette transition.
Plusieurs investisseurs continuent de voir les changements climatiques comme une contrainte, comme un frein aux rendements. Mais nous ne sommes pas d’accord.
Nous investissons dans des entreprises qui ont une présence mondiale. Comme CGI – un leader mondial en TI et en consultation.
Nous investissons dans des entreprises qui font une différence constructive pour l’environnement. Comme AddÉnergie – qui offre des bornes de recharge intelligentes.
Nous investissons dans des entreprises qui sont à l’avant-plan des changements technologiques. Comme Lightspeed – la première licorne québécoise. Maintenant devenue une leader mondiale en solutions logicielles.
Il y a aussi des défis à relever. Element AI : de l’expertise académique et une créativité de calibre mondial – qui ont besoin d’être commercialisées. Ce n’est pas facile. Mais incroyablement important dans la nouvelle économie.
Au cours des cinq dernières années, les entreprises québécoises dans notre portefeuille ont complété plus de 200 acquisitions hors Québec, représentant environ 27 milliards de dollars.
Ce qui augmente leur capacité de compétitionner à l’échelle mondiale – et de réaliser leur plein potentiel.
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Ici, à Montréal, le REM est une expression de la Caisse aujourd’hui. C’est du capital constructif en action – un investissement dans notre économie réelle, dans la croissance économique et dans notre avenir collectif.
Un système de transport public carboneutre – pour lutter contre les changements climatiques.
Un projet qui renforce l’attraction de notre ville pour les meilleurs talents – et lui permet de mieux compétitionner mondialement.
Un projet qui améliore la qualité de vie de millions de personnes. L’objectif même du capital constructif.
Troisièmement et finalement : pour investir de façon constructive, nous avons dû fondamentalement changer notre façon d’investir au Québec.
Et un projet qui va servir, pour des décennies, de source de rendements fiables pour la Caisse – et pour les Québécoises et les Québécois. Résilients dans des moments de turbulence.
À la Caisse, il ne s’agit pas du prochain trimestre. Il s’agit de la prochaine génération.
Nous bâtissons une institution qui est aussi dynamique et innovante que le Québec que nous servons.
Nous utilisons notre capital de façon constructive – pour notre bien, et le bien commun.
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Il y a deux semaines, quand j’ai annoncé mon départ de la Caisse au début de l’année prochaine, j’ai écrit une lettre à nos employés.
C’était une lettre de reconnaissance – pour leur travail, leur dévouement et le partage de leurs perspectives pendant toutes ces années. C’était aussi une lettre pour leur exprimer toute ma gratitude.
Nos gens regardent toujours vers l’avant. Vers ce qui s’en vient. Cette fois, je les ai invités à regarder en arrière. À réfléchir à tout ce qu’ils avaient accompli pour les Québécoises et les Québécois.
Notre rôle formel comme institution n’a pas changé dans la dernière décennie.
Ce qui a changé est la façon dont nous faisons les choses.
Nous sommes la preuve qu’une caisse de retraite peut bâtir des choses utiles – et générer de bons rendements.
Qu’elle peut réduire les émissions carbone – et générer de bons rendements.
Qu’elle peut améliorer la vie quotidienne de gens – et générer de bons rendements.
Nos gens regardent toujours vers l’avant. Vers ce qui s’en vient. Cette fois, je les ai invités à regarder en arrière. À réfléchir à tout ce qu’ils avaient accompli pour les Québécoises et les Québécois.
À la Caisse, nous démontrons qu’une caisse de retraite peut investir de façon constructive – et générer de bons rendements.
Je veux dire aux Québécoises et aux Québécois : nous sommes une communauté de huit millions de personnes, une petite population dans un vaste monde.
Ensemble, nous avons créé, nourri et fait grandir une caisse de retraite qui gère aujourd’hui plus de 330 milliards.
Une caisse de retraite qui est reconnue et respectée à travers le monde. Pas seulement pour ses rendements – mais parce qu’elle fait une différence.
Quand la Caisse a été créée, Jean Lesage a dit : « […] nous sommes déjà en marche vers une nouvelle étape. »
Aujourd’hui, plus de 50 ans plus tard, nous continuons d’avancer.
Nous avons bien répondu à cette époque de changements.
Nous avons mis du capital constructif au travail.
Aux Québécoises et aux Québécois, je veux dire qu’ils peuvent regarder la Caisse avec confiance.
La regarder avec fierté.
Soyez fiers de ses réalisations. De son succès. Et de son avenir.
Évidemment, il reste de nombreux défis devant nous. Mais avec la Caisse, nous, les Québécoises et les Québécois, savons que nous faisons partie de la solution.
Dans le monde d’aujourd’hui, c’est quelque chose dont nous pouvons être fiers.
Merci.